
Une loi promulguée en 1995 crée toujours des remous au sein de la vie politique australienne. Cette loi, qui permet à plus de 1000 entreprises de ne pas publier leurs bilans financiers, est en effet pointée du doigt par les travaillistes et les verts, qui cherchent à la modifier depuis de nombreuses années.
En Australie, les entreprises ne sont obligées de publier leur bilan financier que depuis 1995. La loi, promulguée sous le gouvernement travailliste de Paul Keating, introduit cependant une subtilité. En effet, cette dernière n’avait pas vocation à être à effet immédiat : il était donc prévu que les entreprises créées avant la promulgation de la loi puissent disposer de quelques années afin de s’adapter.
Mais l’histoire ne se déroule pas comme prévu. Paul Keating est battu par le libéral John Howard lors des élections législatives de 1996. Ce dernier décide rapidement de pérenniser cette clause, qui permet donc aux entreprises créées avant 1995 de ne pas publier leurs bilans financiers.
Une loi qui fait débat
Pour le parti libéral et les détenteurs d’entreprises soumises à cette loi, ce statu quo est parfaitement justifié. Tout d’abord, ne pas publier ses revenus serait une garantie de sécurité. Certaines familles détenant des parts de ces entreprises sont inquiètes pour leur sécurité. Elles arguent que publier ces chiffres augmenterait les chances qu’elles soient victimes de kidnapping ou toute autre demande de rançon. De plus, publier ces chiffres pourrait venir perturber les affaires de ces mêmes entreprises, qui disposent donc d’un avantage sur les entreprises créées après 1995.
Ces arguments se heurtent à de nombreux contradicteurs, notamment des partis vert et travailliste. D’après eux, cet avantage constituerait une forme de concurrence déloyale. En effet, toutes les entreprises australiennes ne sont pas sur un pied d’égalité.
Au-delà de cet aspect, les critiques ne faiblissent pas. En premier lieu, cette non publication des bilans financiers confère une certaine opacité aux entreprises. Une opacité qui pourrait être utilisée pour de l’évasion ou de l’optimisation fiscale, et qui prive le débat public de chiffres importants. L’argument sur la sécurité des familles est lui vu comme ridicule par les détracteurs de cette loi. En effet, l’Australie est considérée comme un pays sur. Les détenteurs de ces entreprises n’auraient donc pas à s’inquièter.
Plus grave, des accusations de collusion à l’encontre du parti libéral sont lancées. Ce dernier aurait en effet reçu plus de 20 millions de dollars depuis 1995 de la part de différentes entreprises concernées par la loi, d’après Jacqui Lambie, femme politique travailliste.
La loi bientôt modifiée ?
Cela fait donc une quinzaine d’années que, malgré les tentatives de modification, la loi reste inchangée. Bien qu’il ait été au pouvoir entre 2007 et 2013, le parti travailliste n’a pas modifié cette loi. Après un essai infructueux en 2017, le parti travailliste, allié au parti vert, tente à nouveau sa chance.
Mais le gouvernement libéral de l’actuel Premier Ministre Scott Morrison ne l’entend pas de cette oreille. Les quatre motions des travaillistes ont été rejetées sans même qu’un débat ait eu lieu.

Scott Morrison, élu en 2018 et réélu en 2019 a dû faire face à de nombreuses crises. Sa gestion des feux de forêt a été très critiquée, d’une part, le Premier Ministre n’a pas entendu les mises en gardes des scientifiques sur le climat, de l’autre, il était en vacances à Hawaï durant les évènements. Mais sa réaction face à la pandémie de Covid-19 a été saluée, et lui donne une popularité nouvelle. Il a notamment été salué pour son pragmatisme et sa prise de décision rapide face à la propagation du coronavirus.