En Chine, le sort des minorités sexuelles s’améliore lentement

Le drapeau LGBT, symbole de la lutte en faveur des minorités sexuelles | Onanymous

En Chine, faire partie d’une minorité sexuelle n’est toujours pas de tout repos. Bien que l’homosexualité ait été décriminalisée en 1997 et retirée de la liste des maladies mentales en 2001, de nombreux progrès restent à faire. Pékin a récemment montré de la bonne volonté, sans pour autant véritablement s’attaquer aux problèmes de fond.

Bienvenue en Chine. Si vous êtes homosexuel, un véritable parcours du combattant vous attend. Votre famille, vos amis, vos pairs vous le demandent : quand allez-vous vous marier ? Pas de si tôt, du moins pas avec votre partenaire. En Chine, le mariage homosexuel n’est pas reconnu, malgré les nombreuses demandes visant à l’intégrer dans le nouveau code civil. L’attente promet donc d’être encore longue. Sans accès à la copropriété, ni à la PMA dans le système de santé public, vous allez devoir vous débrouiller…

Heureusement pour vous, des solutions existent. Vous pouvez choisir d’affronter le problème, en entamant une thérapie de conversion. Dans le public comme dans le privé, l’éventail de choix est large, comme le montre une enquête de l’association de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, qui a interviewé 17 victimes de thérapies de conversion en 2017. Vous pouvez aussi vous arranger avec le système, en vous mariant avec une personne de confiance du sexe opposé.

Bref, en Chine, vous pouvez légalement être homosexuel (contrairement à 72 autres pays), mais vous aurez des bâtons dans les roues, autant administrativement que socialement. Le gouvernement semble pourtant lentement, mais sûrement, vouloir améliorer le sort des minorités sexuelles dans le pays.

Une contestation acceptée par le pouvoir ?

Contrairement à la quasi-intégralité des autres contestations, le gouvernement chinois semble de mieux en mieux tolérer la promotion des droits des personnes LGBT. Ces dernières semblent en effet moins censurées sur les réseaux sociaux chinois, comme Weibo, le Twitter chinois. Le Global Times, quotidien chinois sous la houlette du pouvoir, va même jusqu’à donner la parole à des associations LGBT.

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Sur le plan juridique aussi, les choses changent. Plusieurs jugements ont récemment condamné des discriminations subies sur leurs lieux de travail par des homosexuels. Mais bien qu’un précédent soit crée, la législation en elle-même n’évolue pas significativement. L’appréciation de la situation est donc laissée aux tribunaux, qui ne sont pas tenus de condamner systématiquement les discriminations.

Pour le mariage, pas non plus d’évolution en vue. L’adoption d’un nouveau code civil, qui devrait être entériné cette année, était pourtant l’occasion de faire évoluer la législation. Le gouvernement a fait la sourde oreille aux nombreuses demandes en faveur du mariage homosexuel. Pas de débat en vue, la loi ne changera probablement pas.

Pourquoi Pékin, qui a pourtant adopté une position plus douce à l’encontre des minorités sexuelles, refuse-t-il un changement − qui semblerait cohérent − de législation ? D’une part, une grande partie de la société chinoise reste attachée aux valeurs traditionnelles, notamment au mariage. Pour une famille chinoise, la transmission du nom de famille et de l’héritage familial est primordial. On comprend donc la réticence d’une grande part de la société chinoise à l’égard du mariage homosexuel. D’autre part, les minorités sexuelles ne représentent aucune menace pour Pékin. C’est bien pour cela que le gouvernement chinois en tolère l’existence, mais c’est aussi la raison de cette lente évolution. En effet, les droits des minorités sexuelles se retrouvent en très mauvaise place dans l’agenda gouvernemental, qui planche sur beaucoup de dossiers autrement plus importants stratégiquement. Le problème reste donc entier, et semble s’empêtrer dans une sorte de statu-quo destiné à contraster avec les violations des droits de l’Homme commises par la Chine au Xinjiang ou au Tibet…

Auteur de l’article : Léo Berry

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