La Macédoine du Nord, ancienne république yougoslave indépendante depuis 1991, a, malgré sa petite taille, une importance stratégique dans les Balkans. Le pays doit cependant relever différents défis, notamment celui de concilier les différentes minorités qui y vivent. En effet, la cohabitation est parfois difficile entre les différentes ethnies habitant le pays.
D’après le dernier recensement effectué en Macédoine du Nord, en 2002, environ un quart de la population est albanaise, tandis que deux tiers est d’origine macédonienne. Le reste de la population appartient à diverses minorités (Turcs, Valaques, Serbes, Roms, Bosniaques…). Le pays doit donc composer avec une majorité de Macédoniens, tout en prenant en compte les désirs et les particularités de ses minorités, qui constituent le tiers de la population.
Une cohabitation conflictuelle
Historiquement, cette cohabitation, notamment celle entre Macédoniens et Albanais, est difficile. Dès l’indépendance, la minorité albanaise revendique davantage d’autonomie. Elle s’estime en effet lésée, car la nouvelle constitution macédonienne considère que la Macédoine est l’État des Macédoniens. Les Albanais, ainsi que les autres minorités ne peuvent alors pas utiliser leur langue dans le cadre officiel, la seule langue officielle étant le macédonien. Autre problème : la Macédoine du Nord dispose d’un découpage territorial particulier. En effet, le pays ne possède pas de régions, mais seulement des municipalités, au nombre de 80. Le pays est ainsi assez centralisé, à l’image de sa capitale, Skopje, où un tiers de la population vit. Ce sujet crée des tensions, car ce découpage, bien que les municipalités aient une certaine autonomie, ne permet pas d’accorder une autonomie importante aux territoires qui concentrent des minorités, notamment ceux où la minorité albanaise compte pour plus de 50 % de la population.

Début 2001, après plusieurs échecs dans l’optique d’obtenir plus d’autonomie, une insurrection armée menée par l’UÇK (Armée de Libération du Kosovo), une organisation paramilitaire, débute [NDLR : plus de 90 % de la population kosovare est Albanaise]. Le gouvernement perd rapidement le contrôle du Nord du pays, là où la minorité albanaise est la plus présente. Des combats ont lieu, mais l’escalade vers la guerre civile est évitée grâce à la médiation de l’ONU et de l’OTAN. L’UÇK-M (la branche macédonienne du mouvement) accepte d’être désarmée. Les accords d’Ohrid permettent de mettre un terme à ce conflit. Ils accordent de nouveaux droits à la minorité albanaise : l’albanais devient langue officielle dans les municipalités comportant une population albanaise d’au moins 20 %, et peut être utilisé au parlement. Une université albanaise est ouverte et financée en partie par l’État, une présence albanaise minimum dans les effectifs de police devient obligatoire. Ces accords ne permettent pas de résoudre tous les problèmes, mais ont le mérite de stabiliser une situation qui aurait pu faire imploser l’État.
Une situation toujours délicate
De nos jours, la problématique des minorités en Macédoine du Nord reste une question centrale dans la vie politique et économique du pays. Pour Thibault Boutherin, « Les questions nationales, causes des embrasements que la région [Des Balkans] a connus de 1991 à 2001, sont restées des lignes de fracture ». En effet, des tensions persistent : en 2015, la police donne un assaut contre un groupe albanais considéré comme terroriste par le gouvernement. Celui-ci se solde par un bain de sang : 18 morts et 37 blessés. Des observateurs dénoncent cependant une mise en scène du gouvernement, qui aurait voulu brandir le spectre du « danger albanais » pour se maintenir au pouvoir. Cet événement a cependant semblé unir davantage Macédoniens et Albanais dans le rejet de la haine ethnique.
Autre intérêt majeur pour la Macédoine du Nord : la possibilité d’intégrer l’Union Européenne. Bien que l’apaisement des tensions entre Albanais et Macédoniens soit une condition sine qua non pour que la candidature ait une chance d’être acceptée, le problème n’est toujours pas totalement réglé, malgré les tentatives de l’UE en faveur d’un apaisement. L’intégration macédonienne semble cependant être en bonne voie, notamment depuis que le conflit du nom a fait l’objet d’un accord avec la Grèce. La Macédoine du Nord a en effet rejoint l’OTAN le 27 mars dernier.
1 commentaire sur “En Macédoine du Nord, l’éternel problème des minorités”
Guy Marchal
(26 avril 2020 - 15:51)L’Histoire de la Yougoslavie et sa dislocation est un vaste problème humain…