Un tiers des enfants intoxiqués au plomb : quelles solutions ?

Un rapport récent de l’UNICEF et de Pure Earth lance l’alerte : un tiers des enfants dans le monde est intoxiqué au plomb. Un danger jusqu’alors sous-estimé, auquel une réponse immédiate doit être apportée, pour les auteurs de ce rapport. Plusieurs solutions permettent pourtant d’endiguer le phénomène, mais certains pays sont à la traîne.

Au Bangladesh, Munni, 9 ans, cherche des métaux dans une déchetterie | UNICEF / Shehzad Noorani

« Il faut agir maintenant ». La conclusion du rapport, publié le 30 juillet est sans appel : l’ampleur du problème a été largement sous-estimée par le passé. D’après ces données nouvelles, ce sont ainsi jusqu’à 800 millions d’enfants qui auraient absorbé des quantités dangereuses de plomb. Le danger, souvent imperceptible, est bien réel. Le plomb perturbe la croissance, entraîne des retards mentaux, endommage les reins et le système cardiovasculaire. Les enfants, qui absorbent cinq fois mieux le plomb que les adultes, sont les plus vulnérables.

Le plomb est responsable d’environ 900 000 morts par an.

Recycler les batteries, la clé de la réussite

85 % du plomb utilisé dans le monde sert à produire des batteries. Le recyclage de ces dernières est donc un enjeu majeur. La technologie permettant de recycler les batteries au plomb existe, et est performante. Problème, les pays les plus pauvres ne disposent ni d’infrastructures, ni d’un cadre légal contraignant pour recycler ces batteries.

Les batteries sont donc fréquemment recyclées de manière informelle, sans contrôles, sans protection adéquate pour les travailleurs. Ce recyclage informel libère ainsi du plomb dans des environnements où vivent des enfants.

Pour l’UNICEF, une des priorités est donc de permettre à ces pays, principalement situés en Asie du Sud et en Afrique, de se doter d’infrastructures permettant de recycler proprement ces batteries au plomb. Deux problèmes seraient ainsi résolus : d’une part, le plomb serait recyclé plus proprement, d’autre part, les sites de recyclage seraient mieux connus. La population pourrait donc les éviter plus facilement.

Seulement, le plomb n’est pas présent que dans des batteries, mais également dans des produits de vie courante. Les enfants peuvent être contaminés par des ustensiles, des peintures, ou des épices contenant du plomb. Réduire l’utilisation de plomb dans ces produits est donc un autre moyen de protéger les enfants.

Au Nigéria, des enfants font brûler des déchets pour faire cuire de la viande | UNICEF / Tanya Bindra

Changer les comportements

Le plomb est, la plupart du temps, un danger invisible pour la population. De nombreux parents et enfants ne sont ni au courant de sa présence, ni au courant de la menace qu’il représente pour la santé. Des campagnes d’éducation, à l’école mais aussi dans les médias, permettraient aux personnes exposées de prendre des mesures de sécurité.

Mais l’éducation ne comble pas le manque de moyens. Un meilleur système de santé et une meilleure alimentation des enfants sont indispensables pour réduire leur exposition au plomb. Il est nécessaire que les enfants puissent être testés, et qu’ils puissent être pris en charge si leur sang contient trop de plomb. Ces mesures serviraient également de précieuses données pour les organismes de santé, qui pourraient intervenir davantage dans les zones les plus touchées. Enfin, une meilleure alimentation permet de réduire l’absorption de plomb par le sang, la contamination sera donc moins rapide.

Les solutions pour combattre l’intoxication au plomb des enfants existent déjà. Ne reste qu’à les mettre en place dans les pays qui le nécessitent, ce qui n’est pas une mince affaire. Bien que le coût économique de constructions d’infrastructures, de campagnes d’informations, d’interdictions de certains produits soit élevé, il semble que le jeu en vaille la chandelle. En effet, les répercussions positives sur la santé de la population qu’apporteraient ces mesures impacteraient l’économie. Pour les auteurs du rapport « Les pertes économiques liées aux intoxications au plomb montrent que le problème doit être vu comme une priorité sanitaire, écologique, et de développement. »

Auteur de l’article : Léo Berry

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