Shinzō Abe, premier ministre japonais depuis 2012, a récemment vu sa popularité baisser. Il fait en effet face à une situation délicate économiquement, à l’épidémie de coronavirus, et doit composer avec plusieurs controverses. Cela suffira-t-il cependant à déstabiliser le chef du gouvernement japonais, qui détient le record de longévité à son poste ?
Dans un sondage réalisé par Kyodo News pour ce mois de février, la cote de popularité du premier ministre, issu du Parti libéral-démocrate (droite conservatrice), se situe à 41 %. Un résultat qui connaît une baisse brutale, puisque cette même cote de popularité se situait à 49,3 % en janvier. Son gouvernement, ainsi que lui-même, font en effet face à plusieurs affaires, qui ternissent leur image auprès des Japonais. En 2017, un taux de soutien à son gouvernement, déjà empêtré dans plusieurs affaires, de 26 % quelques mois avant les élections législatives ne lui avait cependant pas empêché de les remporter, lui permettant d’accéder à un troisième mandat.
Le premier ministre et son gouvernement en eaux troubles
Le gouvernement fait face à de fortes critiques de l’opposition après qu’il a autorisé l’ouverture de casinos sur son sol, dans un pays où une part significative de la population présente des problèmes d’addiction au jeu : d’après une enquête menée par le gouvernement en 2017, 3,6 % de la population aurait eu des problèmes d’addiction liée au jeu, alors même que la plupart des jeux d’argent sont proscrits dans le pays. De plus, la majorité de la population a une mauvaise image des casinos : 62,4 % des Japonais interrogés par Jiji Press se déclarent contre leur ouverture, tandis que seulement 22,8 % y sont favorables. Le gouvernement argue cependant que l’ouverture de casinos permettra d’augmenter les revenus engendrés par le tourisme. Venant s’ajouter aux difficultés rencontrées, un député du parti au pouvoir, Tsukasa Akimoto, a été mis en cause dans un scandale de corruption lié à l’ouverture d’un casino, tout comme plusieurs de ses collaborateurs.
Le premier ministre est lui accusé d’avoir détourné des fonds publics afin de financer l’organisation de plusieurs dîners en compagnie de ses supporters, en 2013, 2014 et 2016. Sommé de s’expliquer devant le parlement, ses explications n’ont cependant pas convaincu l’opposition, qui l’accuse de « mentir ». Pour l’intéressé, ces dîners ont été financés par les participants. Une information que l’hôtel où ces derniers ont été organisés ne confirme pas, mais d’après Abe, l’hôtel ne souhaite simplement pas communiquer pour des raisons de confidentialité.
L’économie ralentit
Au-delà du contexte des affaires et des controverses, le gouvernement doit faire face à la plus forte baisse du PIB depuis 5 ans : une baisse de 1,6 % lors du dernier trimestre de 2019. Une baisse due à la baisse de la consommation, conséquence de la hausse de la TVA de 8 à 10 % en octobre et au passage de plusieurs typhons destructeurs dans la seconde moitié de 2019. La croissance japonaise est cependant estimée à 0,7 % pour l’année 2019, ce qui constituerait une légère baisse par rapport à l’année précédente.

Le Japon doit également gérer l’épidémie de coronavirus, qui a déjà un impact sur le secteur touristique après que la Chine a imposé des restrictions à ses ressortissants sur les voyages à l’étranger. Cette épidémie menace d’impacter tous les secteurs de l’économie dans le futur. Shinzō Abe s’assure néanmoins de garder de bonnes relations avec la Chine, qui est le premier partenaire commercial du Japon, bien qu’il risque de se trouver forcé de prendre des mesures plus strictes à son encontre. L’épidémie menace également les jeux olympiques organisés à Tokyo cet été, le gouvernement n’envisage cependant pas de les reporter. Le Japon dispose de plusieurs mois pour mettre en place des protocoles afin d’assurer la sécurité des spectateurs, en collaboration avec l’OMS.
Shinzō Abe solide sur ses appuis
Malgré cette baisse de popularité et ce contexte défavorable, Shinzō Abe ne semble pas en danger à court ou moyen terme. Son parti, le Parti Libéral Démocrate, bénéficie d’une majorité confortable (284 sièges sur 465) à la chambre des représentants, qui désigne le premier ministre. Le risque qu’il soit destitué est donc presque inexistant. Il risque néanmoins de se trouver fragilisé dans l’optique des élections législatives de 2021, qui pourraient lui accorder un quatrième mandat. L’actuel premier ministre a cependant déclaré « ne pas envisager » de se représenter en janvier lors d’une interview à la télévision publique. S’il souhaitait se représenter, il devrait modifier une nouvelle fois les statuts de son parti, ce qu’il avait déjà dû faire afin de briguer un troisième mandat.
4 commentaires sur “Japon : Shinzō Abe en difficulté ?”
MARCHAL Jacques
(5 mai 2020 - 15:00)L’article m’a intéressé. Ok quand un lien renvoie à un texte en Anglais mais dur dur quand on tombe sur un texte en japonnais (Jiji Press) Peut-être prévoir des traductions sommaires ? A+
J MARCHAL
Léo Berry
(5 mai 2020 - 18:01)Bonjour,
Malheureusement, il est difficile de trouver des sources rédigées en français sur un certain nombre de sujets, et il est préférable de nous appuyer sur les médias locaux lorsque cela est possible.
Pour les traductions, nous nous heurtons à deux problèmes : nous n’avons pour le moment pas de traducteur et devons utiliser notre propre connaissance de l’anglais. De plus, si nous traduisions un article qui ne nous appartient pas, nous devrions nous acquitter des droits d’auteur, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. Vous pouvez cependant utiliser un traducteur automatique, qui vous permettra de saisir le sens général de l’article.
MARCHAL Jacques
(6 mai 2020 - 11:29)oui, je comprends. Je vais essayer du traducteur automatique (???)
C’est bien ce que vous faites. Continuez
Léo Berry
(6 mai 2020 - 14:03)Merci !