Le Sahel est la bande de terre qui s’étend d’Ouest en Est sur une grande partie du Sahara. Cette région quasi désertique se retrouve toutefois de plus en plus animée. La pauvreté, la guerre, et la corruption sont malheureusement monnaie courante dans ces pays. [1] Le constat est frappant : sur les 11 pays qui composent le Sahel, 10 sont en voie de développement selon l’IDH (Indice de Développement Humain [2]). Comment cette région, autrefois caravanière, se retrouve-t-elle plongée dans un conflit sans fin ? L’aide apportée par les puissances extérieures a-t-elle eu un impact concret sur la vie des populations ? Le Sahel peut-il rêver d’une paix ?

Un conflit en perpétuelle mutation
Si nous voulons chercher une origine aux conflits sahéliens, il faudrait remonter aux années 70 avec les guérillas algériennes qui décidèrent de s’installer dans le Sud du pays, à cheval entre le Mali et le Niger. Ce premier groupe politique va attirer d’autres mouvements, religieux, islamistes, voyant le désert comme la possibilité d’un territoire stable et vaste. Jusqu’aux années 2010 c’est cette doctrine qui accompagna les rebelles de différents pays, les groupes salafistes, et les djihadistes. Tous les pays faisant partie du Sahel se retrouvent désormais dans une scission territoriale, le Mali, par exemple, gère son pays dans la moitié sud alors que la moitié nord (zone désertique) est occupée par les djihadistes du Maghreb (groupe appelé AQMI).
À partir des années 2010, les conflits changent de nature et les combats terroristes l’emportent sur les conflits politiques. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, l’Etat Islamique, Boko Haram, sont des noms qui reviennent dans les revendications d’attaques et d’attentats. Simplement en 2019, le nombre de victimes au Mali, Niger et au Burkina-Faso s’élève à 4000[3]. Le nombre de pertes djihadistes est lui aussi important mais les conflits armés perdurent, les gouvernements sahéliens sont à bout de souffle, certains n’hésitant pas à signer des pactes de non-agression.
Une aide extérieure a alors été demandée dès 2013, avec la France en première ligne et les Etats-Unis dans un second rôle, le but étant de créer une coalition sahélienne pour endiguer ces conflits de quelque nature.
Des coalitions soldées par des échecs

Au vu de la situation critique du Sahel, l’ONU est intervenue afin de pacifier la région. La première puissance qui répond présent à l’appel est la France en 2013. Elle est aujourd’hui encore sur le terrain avec l’opération Barkhane[4], qui consiste en un apport militaire important. Cette force française est en outre influente dans les décisions des gouvernements locaux, puisqu’elle fait partie du G5 Sahel.
Cette coalition regroupant les gouvernements de Mauritanie, du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et du Tchad, veut à tout prix stabiliser la région face aux conflits armés. Les objectifs ont été fixés lors du sommet de Pau[5], à savoir lutter contre les groupes terroristes, développer les forces militaires sur le territoire, relancer les administrations et le rôle de l’Etat et enfin développer le territoire.
Ces ambitions sont également partagées par les Etats-Unis, qui chaque année, investissent des millions dans la logistique. Cependant, l’envie de retirer leurs forces du Sahel se fait de plus en plus ressentir pour les USA. Effectivement, les conflits d’intérêts entre pays sahéliens empêchent le bon fonctionnement de la coalition. Ces conflits d’intérêts sont visibles au niveau des frontières, notamment entre le Mali et l’Algérie où ce dernier refuse de coopérer[6]. Chaque pays n’a pas la même capacité militaire pour stabiliser la région, et c’est une source de tensions entre pays voisins.

L’ONU a du mal à relancer le dialogue, et même à intervenir sur le terrain puisqu’il n’y a que quelques centaines de casques bleus sur place[7]. Les relations inter-étatiques sont actuellement au point mort et cela va dans le sens des groupes armés qui peuvent s’installer dans le nord du Sahel sans soucis.
Conclusion
Comment retrouver la paix au Sahel ? Les différentes coalitions internationales peinent à se mettre d’accord et c’est toute la région qui en fait les frais. Toutefois, un nouveau rassemblement d’une cinquantaine d’associations locales vient de prendre forme avec un objectif concret, protéger les populations du Sahara [8]. L’évolution de cette organisation sera cruciale, afin de comprendre si le Sahel continuera à rester le cimetière du Sahara.
Sources
[1] https://www.franceculture.fr/emissions/superfail/la-france-au-sahel-une-guerre-perdue
[2] http://hdr.undp.org/en/content/table-1-human-development-index-and-its-components-1
[3] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/15/au-niger-le-groupe-etat-islamique-revendique-l-attaque-de-chinegodar_6025942_3212.html
[4] https://www.defense.gouv.fr/operations/barkhane/dossier-de-reference/operation-barkhane
[5] https://senalioune.com/sommet-de-pau-la-declaration-finale/
[6]https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek-2009-2-page-57.htm
[7] http://sahel-intelligence.com/tag/casques-bleus
[8] https://www.dw.com/fr/une-nouvelle-coalition-citoyenne-pour-le-sahel/a-54201815