La répression chinoise cachée aux yeux du monde

En marge de la répression des Ouïghours, l’invasion chinoise au Tibet n’en est pas moins terrible. Les cris d’alarme sont plongés dans le silence depuis des années. 

Le Tibet, région connue pour avoir toujours voulu une certaine indépendance vis-à-vis de la Chine. Pixabay (CC-BY)

Au Sud-Ouest de la Chine, la grande province du Tibet tracasse le gouvernement chinois. Depuis plusieurs décennies, cette région a gardé une certaine autonomie en plus des fortes convictions indépendantistes. L’influence du Dalai-Lama continue toujours d’alimenter les populations locales, ce qui ne plait pas aux autorités chinoises. N’importe quelle personne peut aujourd’hui être arrêtée si elle est en possession d’un livre ou de quelconque objet en rapport avec la figure emblématique du bouddhisme tibétain.

La traque chinoise

Le régime de Pékin prévoit depuis des années de moderniser le Tibet, région sous-développée économiquement. Lors du 14ème plan quinquennal de la Chine, les dirigeants chinois ont décidé d’améliorer « la qualité de vie des habitants » et de développer « l’économie de la région ». Ces objectifs masquent en réalité la volonté de stigmatiser les populations en transformant l’identité tibétaine en identité chinoise.

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Ce processus commence dès le plus âge avec les enfants, Pékin dissimule de plus en plus l’étude de la langue tibétaine dès l’enseignement primaire. Les chants tibétains sont par ailleurs transformés en chants patriotiques chinois. En outre, la traque chinoise s’exerce en dehors du Tibet, sur les réseaux sociaux. Les quelques discussions privées sur les forums en tibétain sont supprimées par les services de renseignement chinois et les quelques indépendantistes sont rapidement retrouvés puis arrêtés.

La situation des Tibétains

Tibetan people celebrate China's National Day with flash mob - CGTN
La suppression de l’identité tibétaine au profit de l’identité chinoise. Photo : CGTN (CC-BY-ND-SA)

Les Tibétains sont constamment surveillés par Pékin, des réseaux sociaux secrets jusqu’aux ouvrages dans les bibliothèques des villages. Un rapport annuel publié par le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy dénonce la situation alarmante sur ces conditions de vie et les mesures répressives. Les arrestations se font par milliers, la plupart des populations locales n’ont d’ailleurs pas accès à une procédure judiciaire normale. En outre, parmi les nombreuses sanctions émises par Xi Jinping, la torture physique et psychologique sont rapidement utilisées en première intention. Le tout sous l’autorité de plusieurs motifs : maintien de l’ordre national, unité ethnique, lutte contre les crimes de gang etc. Ces actions sont constamment faites à l’abri des regards et des caméras, le terrain montagneux du Tibet empêche aux quelques médias de s’aventurer dans cette région isolée.

« La Chine considère la religion et l’identité culturelle tibétaine comme un ‘dangereux virus’. Maintenant qu’un vrai virus mortel sévit, l’état chinois impose un contrôle total sur le Tibet. »

Kate Sanders, observatrice spécialiste des relations Tibet-Chine

Il est difficile d’observer des images de cette répression. La Chine est engagée sur de nombreux fronts : la mer de Chine, le Xinjiang, Taïwan etc. mais les difficultés pour arriver au Tibet rendent les informations difficilement accessibles. La répression tibétaine était déjà fortement marginalisée mais la pandémie mondiale a plus que renforcé l’emprise chinoise dans la région.

Auteur de l’article : Benjamin Jacquet

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