Alors que la courte guerre des Malouines s’est terminée il y a 38 ans, l’Argentine cherche toujours à mettre la main sur l’archipel. Le gouvernement argentin a récemment pris des mesures afin d’entamer une reconquête de l’île, ce que le Royaume-Uni et le gouvernement malouin condamnent. L’archipel, qui contient de précieuses ressources, possède également une zone économique exclusive conséquente.

Les Îles Malouines reviennent à nouveau sur le devant de la scène, alors qu’un nouveau conflit diplomatique se profile entre Argentine et Royaume-Uni. Les malouins ont pourtant été 99,8 % à se prononcer en faveur du maintien du statut de territoire britannique d’outre-mer en 2013. Ils disposent en outre d’un gouvernement élu démocratiquement, bien que le gouverneur de l’île soit nommé par le gouvernement britannique. L’Argentine aura donc fort à faire pour que ses arguments soient pris au sérieux.
Attaque frontale
L’Argentine ne cache donc pas ses ambitions, et a mobilisé des moyens pour arriver à ses fins. Une loi a tout d’abord permis de créer un Conseil National des affaires des Îles Malouines, montrant la volonté du pays de considérer le territoire comme sien. L’Argentine met également son arsenal diplomatique à contribution dans une stratégie en trois parties. C’est ainsi qu’elle a pu porter ses revendications auprès de l’Organisation des États Américains. Le gouvernement argentin cherche également à faire pression sur l’Union Européenne afin que cette dernière ne considère pas les Îles Malouines comme un territoire britannique à l’issue du Brexit. Enfin, le C24, le comité de l’ONU pour la décolonisation a été saisi et a appelé les deux partis à négocier.
Malgré ses efforts, l’Argentine se heurte à deux obstacles de taille. Le Royaume-Uni ne veut pas entendre parler d’une remise en cause du statut de son territoire d’outre-mer, et déplore le déni de réalité argentin. L’obstacle le plus conséquent reste cependant la population locale, qui est quasi unanime sur la question de son statut. Les Malouins disposent d’un gouvernement élu, et ont eu l’occasion de se prononcer sur leur statut lors d’un référendum sans appel, la quasi-totalité des votants souhaitant conserver le statut de territoire d’outre-mer britannique. C’est pourquoi le gouvernement malouin déplore « cette stratégie qui a pour but de nous menacer, de nous contraindre, et d’attaquer ceux qui respectent notre droit à l’autodétermination ».
Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire !
L’Argentine agit pourtant déjà sur le terrain, de manière unilatérale. Une loi a été approuvée et étend le plateau continental argentin de 150 miles, ce qui augmenterait sa zone économique exclusive. Le gouvernement argentin a également annoncé qu’il infligerait des amendes s’il trouvait des bateaux pêchant dans ce qu’il considère comme son territoire maritime. Enfin, le refus argentin de laisser un avion transportant un résident malouin malade — car il était accompagné de pêcheurs — passer dans son espace aérien montre la fermeté nouvelle de Buenos Aires.
Des ressources convoitées
Mais alors, pourquoi l’Argentine engage-t-elle tant de moyens dans une cause qui semble presque perdue d’avance ? Au-delà des potentiels enjeux de politique intérieure pour le gouvernement, les Îles Malouines ont un grand intérêt stratégique et économique, dont l’Argentine aimerait bénéficier.

La partie émergée de l’archipel ne paie pas de mine : avec une superficie d’environ 12 000 km ² — légèrement moins que l’Irlande du Nord — et 3 000 habitants, cette dernière pourrait apparaître négligeable. Pourtant, la zone économique exclusive de l’archipel est conséquente, puisqu’il peut revendiquer les eaux se trouvant à 370 km ou moins de l’archipel. Les zones économiques exclusives argentines et malouines sont donc adjacentes.
Des ressources halieutiques existent dans la zone maritime malouine, notamment du calamar. 50 % du calamar consommé au sein de l’Union Européenne provient de ces eaux. La ressource la plus convoitée est cependant bien le pétrole. D’après le gouvernement malouin, 350 millions de barils pourraient être extraits. L’Argentine, elle, dispose de 2,4 milliards de barils de réserves prouvées, mais, avec une production annuelle à plus de 250 millions de barils, d’autres sources d’énergie devront être trouvées si l’Argentine ne veut pas avoir recours à l’importation massive.