La Suisse possède un système politique qui contraste avec de nombreux régimes européens notamment par son caractère fédéral et l’inclusion d’une part de démocratie directe. L’extrême droite s’y est implantée dès sa création, et a connu différentes évolutions, sachant malgré tout garder une influence dans la politique helvète.
Le système politique suisse est fédéral et comprend trois niveaux :
- La confédération, c’est-à-dire l’administration de tout le territoire suisse
- Les cantons, au nombre de 26, sont les États fédérés de la confédération et jouissent d’une certaine autonomie
- Les communes, subdivision des cantons, sont principalement responsables des affaires locales et de l’application des décisions prises au niveau cantonal
Une extrême-droite implantée de longue date
En Suisse, l’extrême-droite fait partie du paysage politique depuis le début de l’entre-deux-guerres, et était alors notamment représentée par la Fédération Patriotique Suisse. C’est cependant dès le début des années 1970 que l’extrême-droite fait ses premiers coups d’éclat dans le paysage politique helvète.

À l’origine de cette mise sur le devant de la scène, James Schwarzenbach. Orateur talentueux, ce dernier lance une initiative ayant pour but de limiter le nombre d’étrangers sur le territoire suisse à 10 % de la population. À l’époque, de nombreux travailleurs italiens résidaient en Suisse, car ils y étaient employés. Qualifiée de xénophobe par de nombreux observateurs, l’initiative est finalement rejetée par referendum. La marge est cependant faible, à la surprise générale : le non ne l’emporte qu’à 54 %, bien que tous les partis politiques excepté celui de Schwarzenbach avaient recommandé de voter contre, arguant que le départ forcé de travailleurs étrangers mettrait l’économie suisse en péril.
L’extrême-droite marginale ?
De nos jours, l’extrême-droite a pris une forme bien différente de ce qu’elle était alors. Les partis classés à l’extrême-droite n’existent plus ou ne sont pas représentés au sein des institutions parlementaires. La cause : l’Union Démocratique du Centre (UDC). Malgré les apparences, ce parti est classé comme allant de la droite à l’extrême-droite de l’échiquier politique, et est parvenu à rallier la majorité des forces politiques d’extrême-droite en son sein. C’est donc à travers ce dernier que l’extrême-droite parvient à s’exprimer en Suisse, et la manière est là : le parti est le mieux représenté au Conseil National avec 26 % des sièges, ce qui lui permet de peser lourdement sur les affaires législatives.
L’UDC a ainsi pu promouvoir différentes initiatives. Entre autres, l’initiative populaire « Pour protéger la société contre les délinquants dangereux » (2004), l’initiative populaire « Contre la construction de minarets » (2009), l’initiative populaire « Contre l’immigration de masse » (2014)… Les Suisses auront en septembre l’occasion de se prononcer sur l’initiative « Pour une immigration modérée », qui propose d’en terminer avec la libre circulation des personnes avec l’Union Européenne.
Dans l’actualité, l’UDC a été la seule formation politique à s’opposer au projet de mariage pour tous lors du vote au Conseil National.
L’extrême-droite en Suisse est donc loin d’être marginale. Bien qu’elle ne possède pas son propre parti, elle dispose d’une influence considérable au sein du parti le mieux représenté au Conseil National. De plus, elle est capable de mobiliser une partie de l’électorat suisse, ce qui lui permet de lancer des initiatives populaires ainsi que de peser dans la balance lors des référendums et des négociations avec les autres partis. Son influence est cependant limitée par l’action des autres partis, qui s’accordent souvent pour contrer ses propositions.
4 commentaires sur “Le parcours singulier de l’extrême-droite suisse”
MARCHAL Jacques
(13 juin 2020 - 12:12)Bonjour,
Votre article dénote par rapport aux autres ; je ne l’ai pas aimé. Je crois que la diversité des thèmes est agréable et souhaitable pour votre site mais gardez-lui une connotation économique ; n’entrez pas dans le domaine politique (bien que économie et politique soient très liés) De plus le nationalisme n’est pas forcément l’apanage de l’extrême-droite. Je pense que le nationalisme est à la base de la création de la Fédération Suisse en 1291.
Cordialement
Léo Berry
(14 juin 2020 - 19:55)Bonjour,
Merci pour votre critique constructive !
Nous nous intéressons à une variété de sujets, dont la politique. Nous avions déjà fait des articles portant sur des thèmes politiques. Cf
https://www.lentrevueinternationale.fr/en-macedoine-du-nord-leternel-probleme-des-minorites/
et
https://www.lentrevueinternationale.fr/japon-shinzo-abe-en-difficulte/
Pour votre critique sur le nationalisme, vous avez raison, mais l’article évoquait l’extrême-droite, qui faisais dans ce cas preuve de nationalisme (entre autres), il fallait donc en parler dans l’article.
Cordialement
MARCHAL Jacques
(17 juin 2020 - 11:17)ok. J’avais pourtant lu et apprécié article sur Japon. Incohérence de ma part. N’empêche que les questions économiques internationales me séduisent plus que politique. Les Média en parlent déjà trop !! Cordialement.
Guy Marchal
(17 juin 2020 - 20:18)Je pense que vous devriez définir votre projet. Benjamin me du « Dessous des cartes », excellentes émission .
Dites nous quel est votre projet?