La Mongolie, pays asiatique situé entre la Russie et la Chine, fait face à un fort taux d’addiction à l’alcool depuis le début des années 2000, notamment chez les hommes. Le pays a cependant réussi à mettre en place des initiatives qui, à long terme, pourraient permettre d’endiguer ce problème. Notre analyse.
Au début des années 2000, la Mongolie est un pays qui connaît un taux très fort de dépendance à l’alcool au sein de la population. La faute à une crise économique durant les années 1990, causée par l’effondrement de l’URSS, qui supportait financièrement la Mongolie. D’après une étude, en 2006, 13,6 % de la population était dépendante à l’alcool. Le problème touche alors largement plus les hommes (22 %) que les femmes (5 %). Le pays fait donc face à un enjeu de santé publique considérable. Les Mongols consomment principalement des spiritueux, tels que la vodka, des alcools locaux à base de lait, comme l’aïrag, et de la bière.
En 2011, le gouvernement réagit, et lance un vaste programme afin de s’attaquer au problème. Plusieurs campagnes de prévention sont lancées, appuyées par le soutien de plusieurs organisations non gouvernementales. Un cadre légal est mis en place, qui permet de réguler la production, la vente d’alcool, et sa promotion : les publicités pour des boissons alcoolisées sont interdites.
Et il semble que ces efforts commencent à porter leurs fruits ; salués par un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ces derniers sont corrélés avec une baisse notable du nombre de consommateurs dans le pays. En effet, selon les rapports de l’OMS, le nombre de buveurs réguliers en Mongolie a baissé de 12 points entre 2010 et 2016, passant de 45,7 % à 33,6 %.
Ce chiffre peut laisser penser que le problème est réglé, puisque, dans le monde, 43 % de la population est consommatrice. On peut donc penser que la Mongolie n’est plus, et n’a même jamais été particulièrement touchée. Ce sont cependant les habitudes de consommation qu’il faut regarder pour comprendre où réside désormais le problème : en Mongolie, en 2016, d’après une enquête de l’OMS, 48,7 % des personnes interrogées ont bu plus de 60 grammes d’alcool pur d’un coup (c’est à partir de ce seuil que l’OMS considère la pratique comme « dangereuse ») lors du mois passé. Un chiffre plus élevé qu’en France, où il se situe à 41,5 %. Autre statistique parlante, la consommation par personne n’a pas baissé depuis 2001 en Mongolie, et stagne depuis 2010. Les buveurs sont moins nombreux, mais ils boivent plus qu’ils ne le faisaient auparavant.
Désormais, le gouvernement continue de prendre des mesures visant à réduire la consommation d’alcool. Parmi les mesures phares, l’interdiction de vendre de l’alcool le 1er jour de chaque mois, qui correspond au jour de paye pour de nombreux travailleurs. Certaines provinces ont cependant décidé d’aller plus loin, en interdisant la vente d’alcool les vendredis. Plus récemment, ces dernières ont même totalement interdit la vente d’alcool, notamment afin de réduire la propagation du covid-19. Reste à voir si toutes ces initiatives, combinées à l’action de plusieurs associations qui aident à combattre la dépendance à l’alcool, continueront à porter leurs fruits comme elles le font depuis leur mise en place.