Les Rohingyas, c’est cette ethnie à majorité musulmane au Myanmar, qui a été victime d’un exode massif et forcé en 2017. Les images de ce massacre, de ce génocide ont été relayées par tous les médias afin de sensibiliser la population et la communauté mondiale. Trois ans après, que devient cette population persécutée ? Comment les ONG et gouvernements luttent pour aider les Rohingyas ? Quelques éléments de compréhension…

Pour une meilleure lecture, les termes Myanmar et Birmanie désignent le même pays.
Une ségrégation oppressante pour les Rohingyas
Depuis l’Exode massif en 2017, les Rohingyas ont été « aidés » au Bangladesh via la construction de camps, mais au Myanmar, la situation reste inchangée. Cette population a depuis 2018 le statut d’apatrides, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas le droit d’avoir la nationalité birmane et dans le même temps ils n’ont pas la nationalité bengalie. Sur les 1,3 millions de Rohingyas, il y en a plus de 700 000 dans des camps au Bangladesh, et encore 600 000 au Myanmar, dans l’Etat d’Arakan.

Dans le pays, la ségrégation est omniprésente puisqu’elle est exercée par les milices bouddhistes, l’armée et le gouvernement. Parmi les témoignages de nombreux Rohingyas, les principales discriminations sont la privation de nationalité, des restrictions sur la liberté de circulation, ou encore beaucoup d’agressions morales et physiques. L’Armée de Salut des Rohingyas de l’Arakan (ASRA), une milice pro-musulmane, a par ailleurs été labélisé par le gouvernement comme une organisation terroriste. Ce climat d’hostilité est toujours présent, même avec la crise sanitaire puisque la frontière entre le Bangladesh et Myanmar a été renforcée, et toute traversée illégale est passible de six de mois de prison ferme minimum.
Malgré la difficulté à entrer en Birmanie depuis plusieurs années, la communauté mondiale ne reste pas les bras croisés, de nombreuses enquêtes judiciaires et sur le terrain sont actuellement à l’œuvre.
La communauté mondiale en action
Depuis les déplacements de masse de 2017, l’ONU a été la première à dénoncer ces violences et à vouloir garantir la sécurité aux Rohingyas. De nombreux experts sont allés sur le terrain, et de nombreux rapports en sont sortis. Au mois de janvier 2020, l’ONU avait déclaré au gouvernement du Myanmar qu’il devait faire « tout ce qu’il est en leur pouvoir » pour arrêter ce génocide. Les Nations Unies ont donné 6 mois à la Birmanie pour réaliser un rapport sur leur protection des populations.
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Le rapport en question a été envoyé à la Cour Internationale de Justice, mais il n’a pas été rendu public. Les seules traces disponibles de cette enquête, ce sont les opinions des juges (accessible ici). En outre de cette enquête, un autre pays a attaqué le Myanmar en justice, il s’agit de la Gambie. Ce pays africain à majorité musulmane fait pression depuis deux ans sur l’ONU afin de sanctionner le pays de manière forte.
Pourquoi la Gambie s’intéresse particulièrement à ce conflit ?
L’homme à la tête de cette montée en justice, le ministre de la justice Abubacarr Tambadou, travaillait avant d’être ministre, au Tribunal pénal international pour le Rwanda, où il a enquêté sur le génocide de 1994.
Malheureusement, la communauté mondiale ne ressemble pas la population birmane puisqu’au sein même du pays, le conflit semble infini et les opinions toujours plus divergents.
Une lutte insurmontable
Une grande discorde apparait sur le sujet des Rohingyas. Effectivement, le pays est à majorité antimusulman, sentiment entraîné par les déclarations de nombreux bouddhistes radicaux. Ce constat influe beaucoup sur le gouvernement, qui a peur de perdre le soutien de la population en se positionnant sur les Rohingyas. La personne à la tête de l’Etat du Myanmar actuellement est Aung San Suu Kyi, conseillère spéciale de l’Etat.

Lorsqu’elle fut interrogée par la Cour Internationale de Justice en janvier, elle a affirmé que les crimes de guerres « seront poursuivis par notre système de justice militaire, conformément à la constitution du Myanmar ». En 2015, lors de son arrivée au pouvoir, elle a assuré s’occuper en priorité d’une réconciliation nationale. Seulement, il y a plus d’une centaine d’ethnies dans le pays, donc la situation des Rohingyas n’est pas plus prioritaire que les autres. Depuis des décennies et encore aujourd’hui, les Rohingyas sont cadenassés, entre le gouvernement, l’armée et les milices bouddhistes, il n’y a aucun moyen pour eux de s’exprimer ou de se faire entendre.
Conclusion
Des élections ont lieu en octobre, un rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme est actuellement en négociation avec la Birmanie afin que les Rohingyas puissent voter à ces élections. Ce serait peut-être le début d’une pente ascendante vers une considération de ce peuple déprécié