Russie : L’augmentation de la surveillance inquiète les militants et l’opposition

En Russie, la vidéosurveillance est déjà très présente, mais le gouvernement est en train de franchir un nouveau cap. La reconnaissance faciale, après avoir été utilisée pour surveiller les personnes en quarantaine, va être démocratisée dans les écoles du pays. Une surveillance accrue qui inquiète opposants politiques et militants des droits de l’Homme.

À Moscou, ce sont déjà plus de 170 000 caméras de vidéosurveillance qui sont dotées d’un système de reconnaissance faciale. Une avance considérable sur Londres, la ville européenne la plus surveillée, qui n’a commencé leur déploiement que cette année. Mais le gouvernement russe souhaite aller beaucoup plus loin.

La reconnaissance faciale se démocratise

C’est un contrat de plus de deux millions de roubles (29 millions de dollars) que le gouvernement russe a signé afin de pouvoir installer le « système Orwell », qui rappelle en effet le célèbre roman 1984 de George Orwell à certains. Ce sont pour le moment 1 608 écoles qui disposent de ce système, qui est capable de suivre à la trace les étudiants, les professeurs, ainsi que les personnes étrangères à l’établissement.

Et ce n’est pas la seule utilité que le gouvernement trouve à la reconnaissance faciale. Lors du confinement dû à la crise sanitaire, les personnes en quarantaine étaient traquées grâce aux caméras de surveillance, mais aussi la géolocalisation de leur téléphone portable via une application. Les 170 000 caméras moscovites équipées d’un système de reconnaissance faciale ont donc été mises à contribution. Résultat : 53 000 amendes distribuées à la mi-mai par l’application.

Les opposants politiques et militants des droits de l’Homme craignent des abus

Bien que le gouvernement assure que l’utilisation de nouveaux moyens technologiques permet de répondre à un enjeu sécuritaire et sanitaire, des voix s’élèvent contre les abus que cette dernière a déjà engendrés et ceux qu’elle pourrait engendrer dans le futur.

Et les critiques ont rapidement fusé, notamment avec l’apparition de l’application ayant pour but d’empêcher la propagation du Covid-19. Cette dernière, très intrusive dans son contrôle des personnes devant respecter un confinement (notamment via des demandes de selfies afin de prouver que la personne est bien chez elle) a eu la main légère sur les amendes. De nombreux Russes se sont ainsi plaints d’amendes abusives, l’application demandait par exemple des selfies au beau milieu de la nuit, et, ne les recevant pas, infligeait une amende.

Au-delà des amendes, un autre sujet pose question : l’immense quantité de données récoltées par cette application et par les caméras de vidéosurveillance. Géolocalisation, déplacements, ce sont des informations confidentielles qui peuvent être récoltées, stockées, et utilisées par le gouvernement ou quiconque y accède. Un « camp de concentration digital » pour Leonid Volkov, un proche d’Alexei Navalny, figure de l’opposition au gouvernement en Russie.

Le gouvernement défend son action

Une plainte a donc été déposée par l’avocate et militante Anna Popova et Vladimir Milov, membre du parti d’opposition Solidarnost. Ces derniers ont argué que le système de reconnaissance faciale violait la vie privée des citoyens russes. Un avis que n’a pas partagé le tribunal moscovite en charge de l’affaire, qui a statué que ce système est légal.

Pour le gouvernement, la multiplication de ces caméras répond à un besoin. Tout d’abord, elles permettraient d’endiguer la violence au sein des écoles, qui serait en hausse, et d’arrêter ou de retrouver des malfaiteurs. Ensuite, ces dernières auraient permis, couplées à l’application, de réduire la propagation du nouveau coronavirus pendant la période de confinement.

Auteur de l’article : Léo Berry

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