Ukraine : la paix, et après ?

Un tank ukrainien dans le Donbass, en 2014 | BO (CC BY)

C’est pour certains l’affaire de quelques mois, pour d’autres, de plusieurs décennies. Depuis 2014, la Guerre du Donbass oppose séparatistes pro-russes et loyalistes ukrainiens dans l’Est du pays. Aucune issue prometteuse n’est encore en vue, malgré les nombreuses négociations entreprises lors des six dernières années. Si le président Zelensky espère obtenir une paix rapide, cela ne serait que la toute première étape vers la résolution complète de ce conflit.

Le Donbass est toujours dans le flou. Depuis 2014, une partie de la région a fait sécession de l’Ukraine, et ne connaît plus la paix, environ 17 000 Km ² étant occupés par des séparatistes. Les différents partis ne sont encore jamais parvenus à s’accorder sur le statut de ce territoire, où la population russophone demande, à minima, une autonomie renforcée vis-à-vis de l’État ukrainien, ce dont Kiev n’a jamais voulu entendre parler. Si les accords de Minsk II ont fait baisser l’intensité et la fréquence des combats armés, la paix semble encore loin d’être acquise.

L’Ukraine et ses pays frontaliers. En rouge, les régions du Donbass, dont une partie est toujours occupée.

Pour Volodymir Zelensky, le président ukrainien, le temps presse. Un an et demi après sa large victoire à l’élection présidentielle, ce dernier espère toujours obtenir une paix dans le Donbass avant la fin de l’année. Malgré la reprise, intense, des négociations entre France, Russie, Allemagne et Ukraine, l’affaire semble pourtant loin d’être réglée. S’il affirme que « personne ne veut la fin de cette guerre autant que moi », l’optimisme du président laisse sceptique. Oleksiy Reznikov, vice Premier Ministre et Ministre pour la Réintégration des Territoires Occupés, a un avis diamétralement opposé sur la situation : « Oui, la réintégration totale des territoires occupés pourrait prendre jusqu’à 25 ans », a-t-il déclaré.

Si les belligérants ont procédé à des échanges de prisonniers, et sont parvenus à s’accorder sur un cessez-le-feu depuis le 27 juillet, la situation militaire reste tendue. Bien qu’il soit en grande partie respecté, le cessez-le-feu est violé de manière quasi-quotidienne par des incidents mineurs.

La paix, première étape vers la réintégration

Oleksiy Reznikov met en effet le doigt sur le principal problème. Si la paix est indispensable à la réintégration des territoires, elle n’en est que la première étape, condition sine qua non à toute autre avancée.

Bien que la Russie soit rapidement entrée dans le jeu militaire, il s’agit bien d’une partie de la population locale, russophone, qui s’est soulevée pour faire sécession. Quand la paix arrivera, les revendications, elles, n’auront pas disparues : le Donbass cherchera à obtenir la plus grande autonomie possible.

Mais l’enjeu des revendications ne brosse encore qu’une partie du tableau. Quand bien même ces dernières seraient satisfaites, il s’agirait alors de réunifier les régions actuellement occupées sur les plans législatif, économique, politique. Comme l’explique The Conversation, les territoires séparatistes sont devenus, de fait, des protectorats russes. Le rouble y est utilisé, la loi ukrainienne n’y est naturellement plus appliquée, l’économie et la politique locale sont bouleversés.

Autant donc de sujets brûlants qui promettent de longues et difficiles négociations entre gouvernement ukrainien et séparatistes, sans garantie de succès. Si une paix purement militaire et diplomatique pourrait être trouvée dans les prochaines semaines, comme le souhaite le président ukrainien, la partie serait loin d’être gagnée. M. Zelensky et ses successeurs devront assurément passer de longues journées à la table des négociations, entre Europe, Russie, et séparatistes.

Auteur de l’article : Léo Berry

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